Si les « Éléments » d’Euclide ont été le premier traité mathématique au sens contemporain du terme, il existe certainement des preuves de traités mathématiques embryonnaires antérieurs : papyrus Rhind en Egypte ancienne, vers 1900 avant JC, tablettes cunéiformes de l’ancienne Babylone en Mésopotamie, vers 2000 avant notre ère, et Sulbasutras en Inde védique vers 1000-500 av. J.-C.
On pourrait y ajouter les anciens textes chinois de la dynastie des Han (206 av. J.-C. à 220 apr. J.-C.), avec le Jiuzhang suanshu (neuf chapitres de l’art mathématique) et le Zhou bi suan jing (arithmétique du gnomon). Ceux-ci sont bien sûr plus tardifs que les travaux d’Euclide mais ils présentent des similitudes considérables de style et de forme avec les anciens ouvrages babyloniens et égyptiens.
Cependant, communes à tout ce corpus de mathématiques pré-euclidiennes, il y a ce que l’on peut appeler des  » Hypothèses non formulées  » ou « vérités évidentes », c’est-à-dire des notions et des pratiques utilisées mais non officiellement présentées ou intégrées dans un système.
Celles-ci sont :
– le plan, cadre principal pour les mouvements de personnages et leur étude ,
– un stock de figures élémentaires comme segment de droite, cercle, carré, rectangle, triangle, trapèze, cube, cylindre, ainsi que les éléments dont ils sont composés: points et lignes ;
– la possibilité de transformer certaines de ces figures l’une en l’autre par décomposition et assemblage ;
– l’association du nombre et du chiffre avec la mesure.
Cet article donne une brève présentation de cette gestation pendant les périodes paléolithique et mésolithique : la fabrication d’outils en pierre, à partir de 2 500 000 av. J.-C. et la représentation symbolique dans les arts rupestres à partir de 40 000 av.JC. Il présente ensuite brièvement la séquence des événements de la période néolithique jusqu’au moment des « Eléments » d’Euclide.