Les auteurs montrent dans ce chapitre que l’on doit comprendre l’usage didactique des ressources du professeur lorsque l’on veut comprendre le système des contraintes auxquelles elles satisfont et les effets qu’elles produisent. Pour cela, ils situent leur recherche dans un cadre théorique spécifique dont ils travaillent les articulations avec le système des questions qui sont posées depuis la notion de « ressources » par les éditeurs de cet ouvrage.
Ils observent le travail des professeurs de l’ »Ecole pour l’Observation » du COREM (Centre d’Observation et de Recherche de l’Enseignement des Mathématiques, 1970-1999), dont les ressources viennent d’une équipe de recherche qui produit des moyens d’enseignement expérimentaux, séquences de situations pour l’observation de phénomènes didactiques. A partir d’un exemple empirique choisi au départ d’un des enseignements emblématiques du COREM, ils examinent la façon dont le professeur peut constituer en ressources les éléments du milieu matériel et symbolique de la classe. Ils montrent en particulier comment il procède avec les contributions des élèves dont il produit une mémoire, au tableau. Ils considèrent l’importance respective du langage et des agencements corporels et spatiaux initiés par le professeur au service de l’attention conjointe des élèves et ils relient ainsi les aspects non-verbaux de l’activité aux interactions langagières, tout en spécifiant ces deux dimensions au contenu de l’enseignement.
C’est à la lumière de ces analyses qu’ils considèrent la place que pourrait prendre une documentation vidéo de séances de classe qui donnerait à voir des éléments sémiotiques irréductibles à une dimension strictement langagière. Ils interrogent ainsi l’intérêt spécifique de la mise à disposition de vidéos rapportant des séances de classe, de leur usage par des chercheurs et par des professeurs dans une démarche d’élucidation de l’action et éventuellement comme mode spécifique de préfiguration de cette action.